Découvertes archéologiques majeures à Châteaumeillant

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Sophie Krausz, qui dirige les fouilles archéologiques à Châteaumeillant pour la 13ème année, était émue ce jeudi 4 juillet au Pôle de l’Etang Merlin : elle faisait part à la population de Châteaumeillant, en avant-première, du résultat de la campagne de fouilles 2012. Pour elle, la restitution à la population du résultat de son travail d’archéologue est l’aboutissement de son travail … et là, la restitution était réellement exceptionnelle !

Découvertes archéologiques majeures à Châteaumeillant

Pour 2012, elle avait obtenu un financement pour la fouille de deux puits dans l’oppidum, près du rempart gaulois (la fouille d’un puits est très coûteuse compte tenu des conditions de sécurité à mettre en place). Les deux puits avaient été repérés, identifiés et pré-fouillés sur une profondeur d’environ un mètre. L’un avait révélé beaucoup plus d’indices archéologiques que l’autre et devait être fouillé en priorité mais, lors de la mise en place des dispositifs de sécurité, il s’avéra que ceux-ci empiétaient sur une zone non fouillée et risquaient d’endommager des indices, la fouille a donc commencé par le puits à priori le moins prometteur.

Les puits sont nombreux dans le castrum de Châteaumeillant et certains ont été fouillés dès la fin du 19ème par Emile Chénon ; ils ont une profondeur d’une dizaine de mètres, où ils atteignent la nappe phréatique au niveau de la Goutte Noire. La fouille de ce nouveau puits s’est déroulée sur une dizaine de mètres sans découvrir le moindre indice archéologique. Après maintes hésitations, la fouille a été poursuivie jusqu’à 13-14 mètres et dans les deux derniers mètres, ce sont plus de 5600 objets qui ont été découverts dont certains d’une importance exceptionnelle.

D’abord ont été découvertes des pièces de monnaies, dont deux sont lisibles, elles proviennent du règne de Marc-Aurèle et permettent donc de dater le dépôt : fin IIème – début IIIème siècle après JC.

Un seau a également été découvert, avec son cerclage et ses douelles en bois, montrant que ce puits était utilisé pour remonter de l’eau. La présence d’eau à ce niveau a permis, fait exceptionnel, de conserver les éléments en bois pendant 18 siècles. Parmi les nombreux autres objets ont été trouvés des feuilles de plomb repliées, contenant divers objets : pierre, cheveux … Ces objets étaient utilisés dans le monde romain dans la pratique de sorcellerie.

Des crânes et os d’animaux tels que sangliers, cerfs … ont également été découverts dans ce puits. Selon les spécialistes, les marques de coups sur ces crânes font penser à des sacrifices rituels. Ces éléments font penser qu’outre son rôle de pourvoyeur d’eau, le puits avait une fonction rituelle.

De nombreux autres objets en fer et en bois ont été découverts, assemblés, ils pourraient permettre de reconstituer un char de voyage romain en entier, en particulier les quatre roues ont été parfaitement identifiées. Le char aurait été démonté pièce par pièce avant d’être jeté dans le puits mais aucun rivet ou autre élément métallique d’assemblage n’a été découvert.

Enfin ont été découverts plusieurs magnifiques objets en bronze doré, admirablement conservés dans leur gangue protectrice. Citons en particulier un devant de coffre avec son cache serrure représentant Hercule coiffé de la peau du lion de Némée (allusion au premier des travaux d’Hercule) et un lion dévorant un petit cheval. Ce dernier était un élément s’encastrant dans un autre objet (élément de décoration du char ?)

Découvertes archéologiques majeures à Châteaumeillant

Ces deux objets sont d’une facture et d’une finesse remarquable, les yeux sont en incrustation d’argent dans le bronze doré. Il est clair pour tous qu’aucun atelier gaulois n’était capable de réaliser des objets de telle qualité.

Nous ne discuterons pas de l’importance de telles découvertes, des journaux spécialisés publieront les avis des meilleurs experts. Evidemment ces découvertes archéologiques posent de nombreuses questions. Il est étonnant que Châteaumeillant que l’on pensait en phase de déclin à cette époque, après la période faste de la période gauloise et de la première période gallo-romaine, recèle des objets d’un tel luxe. Le puits où ont été faites ces découvertes, dont le caractère rituel ne fait pas de doute pour les spécialistes, n’est entouré d’aucun bâtiment à caractère religieux. Des tentatives de réponse à ces questions seront bien sûr apportées par les experts au cours des mois et années qui viennent.

En attendant, ces objets sont exposés au musée Emile Chénon jusqu’à la fin du mois de juillet avant de repartir pour des expertises complémentaires. Elles reviendront à Châteaumeillant dès qu’un écrin assurant leur parfaite conservation sera mis à leur disposition.

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F
Il est important de ne pas perdre ces vestiges de notre passé
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J
bonjour,<br /> même compliments que le commentaire précédent, j'étais aussi à la conférence, ce CR est proche de la perfection. Cordialement, Jean-Claude Bourdin.
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R
Bonjou Liliane et Bernard,<br /> cette fois-ci, j'ai bien reçu le compte-rendu de la Conférence de Sophie Krausz ; merci ; comme d'habitude, c'est remarquable<br /> Quel style ! quelle mémoire ! tout y est ; je le garde en référence<br /> Amicalement <br /> Bonne journée<br /> Régine
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