L’eau des Thiaulins au château du Plaix
Le samedi 14 septembre était la Journée Européenne du Patrimoine, mais aussi une journée prédestinée pour visiter l’exposition sur l’eau présentée par les Thiaulins de Lignières en leur château du Plaix : la pluie n’a pas cessé de nous accompagner.
La première salle à l’entrée du château, est consacrée aux sites et monuments se rapportant à l’eau, avec de nombreux panneaux, photos et documents.
Si beaucoup de ces sites sont naturels, tels que sources, rivières, gués, il ne faut pas oublier qu’ils ont été très souvent aménagés par l’homme, telle la source de l’Indre à St Priest la Marche, aménagée dans un but touristique. D’autres sites ont carrément été créés par l’homme, comme les étangs de Brenne, aux formes très artistiques vues du ciel, destinés à l’approvisionnement en poissons. En comparant les cartes du 18ème siècle et les cartes actuelles, on prend conscience combien nos étangs ont été réduits à la portion congrue.
Chaque village avait également ses fosses (on dit plutôt des mares maintenant), creusées par l’homme pour abreuver les troupeaux. Une bonne fosse, qui ne s’assèche pas, était tellement vitale que la meilleure fosse du village était souvent communautaire, chaque habitant avait le droit d’y abreuver son troupeau. Des fosses communautaires ont été construites jusque vers 1880 (St Christophe en Boucherie).
Les monuments se rapportant à l’eau sont en premier lieu les moulins, très nombreux sur l’Arnon. Bien sûr on pense aux moulins à farine, prédominant bien sûr, mais qui savait que certains moulins sur l’Arnon servaient au tréfilage, que d’autres écrasaient des écorces de chêne pour obtenir le tanin pour le tannage des peaux ?
Parmi les petits monuments, le puits est particulièrement important, du plus travaillé, symbole de la richesse de son propriétaire, au plus modeste ; tout comme les pompes, ils font partie de ce petit patrimoine à découvrir et à protéger.
Les châteaux d’eau, eux, sont des monuments imposants mais leur utilité pratique tend maintenant à décliner avec le développement des groupes de surpression. Ils reflètent toute une période, des années 50 aux années 1970, avec leurs différents styles. Quelques édifices de notre région sont présentés, avec une mention spéciale pour le château d’eau de Culan qui s’harmonise avec les tours du château fort. Ils font actuellement partie de notre environnement mais leur avenir n’est pas assuré.
Après ces sites et monuments, nous entrons dans la vie quotidienne en visitant les différentes pièces du château.
L’eau pour la toilette
Nous entrons d’abord dans la chambre du château, avec sa salle de toilette : tubs et baignoires sont exposés. Au mur, des tableaux où ces objets sont représentés ; dans la chambre l’indispensable vase de nuit. Emaillés, étamés, rustiques ou discrètement décorés, ils sont adaptés aux moyens de chacun. Dans la salle de toilette, les vases de toilette avec cuvettes assorties, au mur le plat à barbe.
Les photos sont interdites dans l’enceinte de l’exposition, pour des raisons de sécurité disent les assurances, il faut donc que vous veniez voir. Passons dans la pièce suivante.
L’eau pour laver
Laver la vaisselle d’abord, sans détergent bien sûr, mais éventuellement avec un peu de sable ou de graviers pour récurer ; les eaux de vaisselle, grasses, peuvent servir à nourrir les cochons.
Ensuite la lessive, mais attention, si vous voulez laver les draps, il faut pouvoir les faire sécher ensuite, alors pas de possibilité de lessive entre octobre et avril.
La lessive, c’est d’abord un trempage dans l’eau bouillante avec un peu de cendres, mais pas n’importe laquelle : le hêtre n’est pas mal. Quelques ustensiles utilisés pour cela sont exposés à l’extérieur.
Ensuite, tout le monde connait la lessive au lavoir comme on nous l’a montré à Néret (http://nous-en-boischaut-sud.over-blog.com/vignes-et-savoirs-oubli%C3%A9s-%C3%A0-n%C3%A9ret,) mais parfois, au bord des rivières, la lessive se fait sur des tables installées sur les berges. Une scène est reconstituée. Remarquez la jupe en jonc qu’utilise la lavandière pour se protéger, parfois elle utilise également des couvre-botte en joncs comme montré sur une carte postale.
L’eau pour soigner
Nous passons au salon. L’eau qui soigne, c’est d’abord celle qui soigne l’esprit pour tous ceux qui y croient : l’eau bénite. De nombreuses fioles sont présentées, dont beaucoup de Verneuil. Mais les eaux médicinales sont aussi présentes : rose, coucou, mélisse…et eau ferrugineuse. Est également exposé un canard de malade, en faïence, pour faire boire les personnes alitées.
L’eau pour boire
Nous passons maintenant dans la grande salle à manger du château et dans la grande armoire, une belle collection de pichets.
La visite se termine. A l’extérieur, est exposé un autre outil se rapportant à l’eau : une pompe à bras de pompier, avec le costume de son utilisateur.
Voilà donc une belle exposition, très documentée comme savent le faire les Thiaulins avec leur connaissance approfondie de notre terroir.
En marge de cette exposition, nous assistons, sous la grange à une conférence de Daniel Bernard sur la première mission phonographique en Berry, réalisée en 1913 par Ferdinand Brunot et Louise Vincent. Nous fêtons cette année le centenaire de cette mission.
En juin 1913, « ils enregistrèrent chanteurs, musiciens, brioleux et diseuses, gravant dans la cire des traces sonores de l’environnement rural berrichons. »
Diverses manifestations sont prévues pour ce centenaire, peut-être en reparlerons-nous.
La journée se termine avec toute la convivialité dont savent faire preuve les Thiaulins, au domaine du château, entre kir Berrichon, cidre, crêpes et autres gâteaux.