Festival rural de Chassignolles

Publié le 9 août 2023 par nous-en-boischaut-sud

Ce 6 aout, nous sommes arrivés au festival rural de Chassignolles juste au moment du défilé des machines agricoles dans la cour du musée. Il y avait là la batteuse, la presse, le trieur, tous tirés par des tracteurs de l’époque fumant une âcre odeur de gas-oil : ça sent la moisson. Et pour terminer un petit moulin à vent, clin d’œil !

Tandis que le matériel s’installe dans le bas du pré, à côté de la batteuse déjà en place, dans le champ de blé, à côté, certains retrouvent les gestes ancestraux de la fauche.

Plus moderne, la moissonneuse-lieuse est à l’œuvre, son travail un peu gêné par la présence d’herbe dans le blé. Tout cela sous l’œil vigilant de François Noc ; mais lui se remémore avec nostalgie le temps encore un peu plus ancien, quand il travaillait avec les chevaux.

Un petit travail de calage du tracteur et de la batteuse et le battage peut commencer. C’est l’attraction du jour et il y a foule pour regarder : pour certains cela évoque des souvenirs pour d’autres c’est un spectacle un peu étrange d’un monde quasi incompréhensible et qui ne date pourtant que d’une soixantaine d’années.

Laissons le battage se faire et pénétrons à l’intérieur du musée pour une évocation du costume d’autrefois avec deux conférences. Là nous ne sommes pas 60 ans en arrière mais plutôt le double.

Amaury Babault nous parle de la limousine, pas de la vache ni de la voiture mais du vêtement ! Pour cela il part d’un exemplaire du musée. Notre limousine se compose d’une cape sans manche, avec une fente pour rentrer les mains, d’une sur-cape et d’une capuche. L’ensemble est en tissu de laine bouillie pour être plus imperméable. C’est un vêtement rustique et solide, soigné, qui permet de bien se protéger du froid (certaines sont doublées) et de la pluie.

Il existe une grande variété de ces limousines, à rayures ou à carreaux, longues ou courtes. Elles sont répandues dans toute l’Europe du nord-ouest, dans les classes sociales populaires tant en ville qu’à la campagne.

C’est aussi le cas pour la biaude , très utilisée par les ouvriers et notamment les forts des Halles à Paris.

Toujours ce vêtement est réalisé par un professionnel car la fabrication nécessite des outils spécifiques. Les tissus sont différents selon les manufactures et la limousine est vendue sur catalogue dès le 19^ème siècle.

Et malgré cette diffusion géographique très large, les régionalistes, au tournant des 19^ème et 20^ème siècles, ont voulu en faire un marqueur identitaire berrichon ! Gabriel Nigond l’utilise pour revendiquer ses origines berrichonnes ; il suffit d’une photo avec une limousine pour indiquer qu’un camembert est berrichon ! JL Boncoeur utilise également cette limousine comme costume de scène.

Nous continuons sur la découverte du vêtement ancien avec une conférence de Christophe Samain. Mais là l’approche est différente et originale : nous partons d’une photo de mariage. Elle date de 1896 et a été prise à St Martin de Lamp, près de Levroux. Elle montre les mariés avec probablement la famille proche. Voyons comment ils sont habillés.

Les hommes âgés portent la biaude par-dessus le costume et un couvre-chef : un chapeau ou une casquette (on évoque peu la casquette dans le costume traditionnel) .

Les femmes âgées ont la coiffe serrée au ras des cheveux elles portent un caraco resserré ; pour les plus jeunes la coiffe est portée plus en arrière dévoilant une partie des cheveux et les jeunes filles, elles, ne portent plus de coiffe, mais elles restent corsetées ! Pour chacune, les coiffes gardent leur caractère régional, celles de Levroux ne sont pas celles de La Châtre !

Les hommes portent tous un chapeau, pour les plus jeunes, c’est un canotier (c’est la mode !). Pour les enfants, pas de chapeau pour les garçons et une jupe plus courte pour les filles. Quant aux très jeunes enfants, tout le monde est en robe, fille et garçon !

La mariée elle, n’a pas de coiffe, elle est toute de blanc vêtue (c’est nouveau en cette fin de 19^ème siècle) et est ornée de fleurs d’oranger. La robe est la mode de Paris.

Ainsi c’est fou ce qu’un spécialiste du costume peut analyser sur une simple photo. Alors si vous avez de vieilles photos, contacter Christophe Samain, il est très intéressé, non pour vous les prendre mais simplement pour les scanner et travailler sur les scans !

Et puisque nous sommes au musée, c’est l’occasion de voir l’exposition consacrée aux dessins de Maurice Sand. Une exposition largement consacrée aux voyages de Maurice Sand en Espagne, au Maghreb et aux Etats-Unis. Ces dessins représentent beaucoup de personnages et révèlent des situations surprenantes : des femmes musulmanes largement dévoilées, des Indiens en costumes traditionnels ; on aimerait avoir plus de détails sur les circonstances dans lesquelles ces dessins ont été réalisés.