Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Mais d’où viennent-elles toutes ces fines céramiques rouges, brillantes, minutieusement décorées et d’aspect très contemporain que l’on trouve dans beaucoup de musées ?

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Effectivement leur aspect est moderne mais ces céramiques sont antiques, elles sont disséminées un peu partout où se sont jadis installés les Romains. Donc on en a également beaucoup trouvé à Châteaumeillant. Le musée Emile Chénon a judicieusement décidé de nous les présenter dans une petite exposition.

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Si ce type de céramique se retrouve un peu partout c’est qu’elle a eu un succès fou à l’époque, d’abord en Italie puis là où les légions romaines se sont établies. Au départ elle était destinée à la classe « moyenne » romaine : de coût modeste elle concurrençait la vaisselle en argent de la haute société. Son succès a ensuite généralisé son emploi, la fabrication est alors devenue quasi industrielle.

A l’origine cette céramique a été fabriquée à Arezzo (près de Florence) au milieu du 1er siècle avant JC, puis, devant le succès, les ateliers se répandent dans tous l’empire, notamment dans la Gaule romaine. Pour qu’un atelier de céramique sigillée se développe, il faut un lieu où on trouve la terre adéquate pour fabriquer la céramique, du bois en quantité suffisante pour alimenter les fours et une voie pour exporter la fabrication. A Châteaumeillant ont été retrouvées des céramiques provenant d’Italie mais surtout de La Graufesenque (Aveyron) et Lezoux (Puy de Dôme).

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Mais alors comment est réalisée cette production standardisée ? La première étape est la réalisation du moule, en céramique épaisse, dont l’intérieur est décoré en creux à l’aide de poinçons. Puis la terre est appliquée sur le moule. En séchant la terre se rétracte et permet le décollement du moule. Le décor apparait alors en relief. Ensuite un engobe (argile délayé) est déposé sur la pièce, ce qui à la cuisson lui donne cet aspect lisse et brillant. C’est l’utilisation de moules qui permet une fabrication quasi-industrielle de cette vaisselle.

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de ChâteaumeillantCéramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Les décors, ce sont des animaux (aigle, lions …) des végétaux, des motifs géométriques (réalisés à la molette) mais aussi des scènes (mythologiques en particulier) ; en fait des motifs similaires à ce qui se faisait sur les vaisselles en argent de la classe plus aisée.

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de ChâteaumeillantCéramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Des reproductions de moules et de poinçons sont présentées au musée Emile Chénon. Tout ce qu’il faut pour faire des sigillés modernes à Châteaumeillant !

Toute cette production décorée qui se répand dans le monde romain puis dans le monde fraichement romanisé n’est pas neutre sur le plan culturel : avec les sigillés, c’est la culture romaine qui s’implante en Gaule !

Comme nous l’avons dit, des céramiques sigillées, on en trouve un peu partout, donc pour un archéologue ce n’est pas, à priori, une découverte majeure. Sauf que ces céramiques apportent avec elles, beaucoup d’informations. Les potiers ont pour coutume d’apposer leur estampille. On peut donc savoir où elles ont été fabriquées. La forme donne une indication sur la datation, mais comme il est très rare de trouver une pièce entière, la forme est déduite essentiellement à partir de la forme du bord du vase, et là, c’est une affaire de spécialistes : les céramologues.

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant

Voilà une exposition passionnante réalisée dans un espace restreint qui permet à partir d’éléments conservés dans les réserves du musée Emile Chénon, de découvrir tout un monde ! Mais, en général, dans les musées, vous n’avez pas le droit de toucher aux pièces, alors ici, vous avez à votre disposition une pièce dont vous pouvez sentir le grain, le relief, c’est très sensuel. Bon, évidemment ce n’est pas un original !

Céramiques sigillées au musée Emile Chénon de Châteaumeillant
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