La musique au fusil
Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre, le musée de La Châtre présente une très intéressante et originale exposition sur un aspect méconnu de cette période : les instruments de musique des poilus.
En première ligne, dans les tranchées, les instruments de musique fantaisistes étaient prohibés, seuls avaient cours les sifflets, clairons et autres tambours. Etait tout de même autorisé, un instrument de musique (si on peut dire) un peu particulier : la boite à grillons. Si les grillons s’arrêtaient de chanter, une attaque aux gaz pouvait être suspectée.
Mais la vie du soldat ne se déroulait pas toujours dans les tranchées ; à l’arrière il fallait absolument évacuer les visions d’horreur, la musique était un élément essentiel pour cela avec ses revues, concerts, carnavals, faux mariages … Là l’imagination et la débrouillardise des poilus était sans limite pour créer, à partir de matériaux récupérés, des instruments aux formes souvent assez peu conventionnelles : violons, banjos, mandolines ou contrebasses, fabriqués avec planches, peau et parfois rayons de vélo.
Certains instruments étaient directement issus de munitions de guerre telles des flûtes réalisées avec des douilles d’obus. Il fallait bien cela pour accompagner les chansons ; nous avons retenu « La Madelon » mais il s’en est écrit bien d’autres !
Des poilus ont été amenés à fabriquer des instruments de musique dans d’autres circonstances également: ce sont les prisonniers de guerre. Coupés de tout mais à l’écart de la guerre, les activités culturelles se développent, notamment une lutherie peu traditionnelle. Et si le temps ne manque pas, seul le canif est disponible pour tailler le bois.
Voilà une exposition commémorative originale à ne pas manquer ; elle se tient au musée de La Châtre jusqu’au 17 aout. Elle présente, en outre, une importante documentation iconographique sur la musique au front dont il n’est pas question ici.
En sortant du musée, ce 21 juin, nous nous trouvons dans une toute autre ambiance musicale : c’est la fête de la musique à La Châtre, les rythmes sont sans doute un peu différents de ceux de voilà un siècle !
