Les fouilles archéologiques de 2016 à Châteaumeillant parlent !

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Les fouilles archéologiques de 2016 à Châteaumeillant avaient révélé un puits gaulois creusé à l’intérieur d’une cave contenant des amphores (cet agencement est déjà peu banal !). Mais en fouillant ce puits, un dépôt rituel avait été découvert. Il contenait trois objets remarquables : une statue anthropomorphe en pierre, un crâne humain et un chenet à tête de cheval. Le dépôt a été daté du milieu du 1er siècle avant notre ère.[1]

Ces objets sont immédiatement partis pour restauration, analyse, étude… ils sont maintenant de retour au musée Emile Chénon où ils font l’objet d’une petite exposition. Faisons le point sur les analyses que les experts ont menées [2].

La statue anthropomorphe (rare une statue gauloise en pierre), représente un personnage plutôt âgé, l’air sérieux (voire triste !) un homme de pouvoir comme l’indique la présence du torque. Il porte un bracelet au poignet et tient à la main un autre torque (ou anneau). La statue a été brisée intentionnellement et déposée dans le puits face contre terre ; le pied de la statue (qui était conçue pour être fichée en terre) a été retrouvé à quelques mètres de là dans un autre dépôt rituel avec des crânes de bovin et un outil agricole : deux dépôts voisins et liés entre eux !

Les fouilles archéologiques de 2016 à Châteaumeillant parlent !

Le crâne humain (attention, ça devient macabre !) a été scalpé ; c’est celui d’un jeune adulte, peut être un garçon mais pas sûr. L’os frontal a été érodé. Le crâne a été déposé délicatement dans le puits (il n’y a pas été jeté).

Les fouilles archéologiques de 2016 à Châteaumeillant parlent !

Le chenet en pierre représente une tête de cheval stylisée. Sa crinière est tressée (ou rasée), avec ses yeux proéminents, il se présente les oreilles en arrière, comme un animal en colère. Ce chenet, décoré, a été utilisé dans une cheminée, sa fonction usuelle.

Les fouilles archéologiques de 2016 à Châteaumeillant parlent !

Voilà les faits, maintenant les interprétations ! Là, rien n’est sûr, chacun y va de son hypothèse, et puisqu’on nous sollicite, lançons-nous !

Tout d’abord il est certain que nous sommes en présence d’un dépôt rituel effectué intentionnellement. La qualité des objets trouvés le montre, ce ne sont pas des détritus jetés là. Cette curieuse structure de puits creusé dans une cave a donc été utilisé comme sanctuaire. Il est associé à un autre sanctuaire, tout à proximité, contenant en particulier le pied de la statue et dont la vocation semble plus agricole : sanctuaire clanique associé à un sanctuaire plus familial ?

Pour nous, la statue représente l’ancêtre dont se réclame le clan. C’est probablement un guerrier. Il a été posé face contre terre, non par mépris mais au contraire pour qu’il soit au plus près des puissances chtoniennes, les dieux de la terre.

Le crâne humain est son trophée, son butin de guerre qui le suivra après la mort. Le front est érodé car il est resté exposé à l’air libre et largement manipulé dans le sanctuaire où le fondateur du clan a été vénéré.

Le chenet pose un problème a de nombreux spécialistes car il n’est pas usuel de trouver un ustensile domestique au milieu de tels symboles guerriers. Pour nous le chenet doit être interprété par sa figuration : un cheval agressif, en colère, cadrant bien avec un cheval au combat.

Mais pourquoi faire un tel dépôt rituel ? Peut-être pour signifier l’extinction du clan ou sa migration vers d’autres cieux ?

Voilà notre interprétation, maintenant à vous d’aller au musée, de voir l’exposition, de proposer votre interprétation et de critiquer la notre !

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