Bernadette Hardy : une histoire de la photo avec Châteaumeillant Nature

Bernadette Hardy se passionne pour la photographie depuis 30 ans. En tant que photographe son but est de faire revivre par l’image ses rencontres avec des gens du monde entier, mais elle refuse de se définir comme une artiste ou une poétesse, elle se veut simplement une conteuse d’images.

Bernadette Hardy est venue à Châteaumeillant ce 6 avril à l’instigation de Châteaumeillant Nature, et, devant une quarantaine d’auditeurs, installée dans son décor de photos et d’appareils anciens, elle nous a parlé de sa passion, elle nous a conté l’histoire de la photographie avec tous les balbutiements qui ont émaillé son développement.

« Une image vaut mille mots », selon Confucius, mais comment saisir une image sans dessiner ni peindre ? Voilà l’ambition de la photographie.

Etymologiquement la photographie est l’art d’écrire (ou de peindre) avec la lumière, mais toute la difficulté réside dans l’art de fixer et de conserver ce que l’on voit. Depuis l’antiquité, de grands inventeurs ont œuvré pour résoudre les problèmes successifs qui se présentaient.

Aristote découvre le principe du sténopé : une boite dont une face est percée d’un petit trou. Sur la face opposée une image de l’extérieur vient se former ; cependant cette image est inversée par rapport à la réalité.

Pollion, plus connu sous le nom de Vitruve, trois siècles plus tard, découvrant la photosynthèse, observe que l’on peut fixer la trace d’un objet par le blocage de la photosynthèse en occultant la lumière par cet objet.

Encore une dizaine de siècles, au moyen-âge, Al Hazem  jette les bases de l’optique moderne et découvre la chambre noire. D’un autre côté, dans le Moyen Age chrétien, les alchimistes mettent au point les substances sensibles à base de sel marin et de sel d’argent.

Pour la représentation du réel, la Renaissance est le règne des peintres, mais leurs travaux seront d’une grande utilité dans le domaine de la photographie : Dürer avec son perspectographe, de Vinci avec la chambre noire. Parallèlement la science progresse avec la découverte des lentilles convergentes et du diaphragme (par D. Barbaro).

Pour la photographie, la situation se débloque au 19^ème siècle : à partir de 1816, N. Niepce réussit à reproduire un négatif sur un support sensibilisé avec du chlorure d’argent et de l’acide nitrique. Mais l’image noircit avec le temps. En 1824 la stabilisation est obtenue avec du bitume de Judée (mélange d’essence de lavande et de goudron). « La table servie », en 1824, peut être considérée comme la première photographie.

En 1829, Daguerre s’associe avec Niepce dont il développe le procédé pour réaliser ses « daguerréotypes». Les temps de pose restent longs, il réalise beaucoup de portraits post-mortem. Daguerre sera en conflit avec Niepce pour la paternité de l’invention. Le procès tranchera, Niepce gagnera !

A partir de là, de nombreux supports sont utilisés : cuivre, verre, papier, fer, collodion humide.

Le procédé devenant fiable, les applications de la photographie explosent : photos aériennes, souterraines, portraits de personnalités (Nadar), cartes, albums de famille, photos publicitaires, photojournalisme... A noter que sur les photos anciennes, les personnes ne sourient pas, cela ferait mauvais genre !

En 1851 apparait l’éclairage avec la poudre de magnésium. Puis avec Kodak, la pellicule, inventée en 1888 par Georges Eastman, remplace les plaques de verre. Puis les appareils photos se démocratisent jusqu’au polaroid. En 1980 apparait le premier ordinateur portable IBM et les appareils photo numériques apparaissent en 1982.

Cette histoire récente de la photographie est traversée par quelques grands photographes ; dans le désordre : Cartier-Bresson, Yann Arthus Bertrand, studios Harcourt, Doisneau…

Mais si Bernadette Hardy se passionne pour la photographie, son véritable objectif c’est, par la photo, d’ouvrir une fenêtre sur le monde. Elle ne se contente donc pas de photographier, Bernadette écrit des histoires à propos de ses photos ; l’image se transforme en texte, elle conte l’image ! Pour elle qui voyage beaucoup, ses photos-rencontres sont des témoignages de vie.

Merci pour cette riche conférence. Le monde de la photographie tellement évident dans notre 21^e siècle technologique que nous en ignorons l’histoire.