L’Histoire de l’art en perspective : Michel Cegarra à l'AREMC

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Ce vendredi 22 janvier à AREMC du Châtelet, Michel Cegarra, professeur émérite d’Histoire de l’art à l’Université Lille III et directeur de « DomaineM » association qui gère des résidences d’artistes et d’écrivains à Cérilly, nous emmenait au 14° et 15° siècle à Florence et à Sienne découvrir un grand événement de la Renaissance, la découverte des règles de la « douce » perspective.

L’Histoire de l’art en perspective : Michel Cegarra à l'AREMC

Si déjà dans l’art antique une perspective était mise en place dans les fresques, celle-ci restait intuitive. Elle n’était pas encore inventée bien qu’on n’en soit pas loin. Au Moyen âge, comme en Egypte, la perspective était « sociale », les personnages avaient la grandeur selon leur importance.

Nous sommes passé par Giotto, un siècle avant l’établissement des règles, où l’espace du monde physique établi ses codes de compréhension : le bleu terrestre, doré illustrant le sacré à l’instar de l’art Byzantin.

Les frères Limbourg dans les « Très riches heures du Duc de Berry », manuscrit enluminés en 1410-1416 (Chantilly, Musée Condé) montrent déjà un essai de lignes de fuite assez cohérentes et s’extirpent du passé médiéval malgré quelques incongruités atténuées par l’emploi des couleurs juxtaposées dans l’ensemble de la composition.

Mais comment établir la ligne d’horizon, le point de fuite, les points de distances ?

La perspective obéit à la mathématique. Plus l’objet est loin, plus il est vu petit. C’est une constante. Un espace tridimensionnel est ramené aux deux dimensions d’un tableau. La position de l’œil du spectateur va donc prendre une grande importance.

L’invention en revient à Brunelleschi à Florence qui dessine, vers 1418-1423, le baptistère San Giovanni au moyen d’un miroir et d’une « tavola », une image en perçant un trou par où l’œil unique du cyclope regarde l’objet à une distance précise de 1,27m et miracle ! Il prouve que l’image dessinée est identique à l’image réelle, preuve par la superposition. Il faut dire que cet orfèvre, architecte, sculpteur a inventé aussi le système révolutionnaire pour construire le dôme de la cathédrale de Florence. L’ambiance dans cette cité toscane est favorable à une multitude d’inventions, une multitude d’artistes rivaux, s’observent et créent une fructueuse émulation.

L’Histoire de l’art en perspective : Michel Cegarra à l'AREMC

Cette invention va stimuler le protocole de mise en scène, l’exaltation de l’espace, la position du regard, la dimension urbaine plus citoyenne : La physique rejoint la métaphysique et le point de vue va prendre une dimension supplémentaire, philosophique. La ligne d’horizon devient l’horizon du monde, l’architecture ainsi construite traduit également la fondation de l’Eglise. L’image s’emboite dans un monde plus humaniste, plus vrai mais débouchant également dans un monde scientifique, sans Dieu où la position du spectateur le rend unique.

L’Histoire de l’art en perspective : Michel Cegarra à l'AREMC

Le voyage se termine avec l’école d’Athènes de Raphaël fresque géante peinte entre 1509-1510 qui se situe dans la salle des signatures du musée Vatican où l’artiste s’est représenté par mis les élites antiques. L’architecture du tableau, de 5m x 7.70m, se fond avec celle du lieu. Le mot Renaissance prend ici toute sa puissance en ressuscitant les pensées de l’Antiquités

L’Histoire de l’art en perspective : Michel Cegarra à l'AREMC

Rendez-vous à l’horizon du 11 mars prochain pour suivre la deuxième partie de cet intéressant exposé.

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