Le journal d'Adam et Eve

Publié le par nous-en-boischaut-sud

En ce samedi 16 juin, le Pôle de l’Étang Merlin à Châteaumeillant faisait salle comble. Proposée par la CdC Berry Grand Sud, dans le cadre du programme « Ballade en Boischaut », cette soirée spectacle a dévoilé bien des surprises.

 C’est en effet le collège de Châteaumeillant ainsi que les « Cie de Théâtre des trois Parques » et « Scène Nationale 7 », toutes deux implantées en milieu rural, qui nous proposent cette belle soirée de divertissement.

Les deux acteurs  professionnels Julie Delille et Baptiste Relat ont travaillé durant l’année scolaire avec les classes de 4e  dans le dispositif « Léz’arts ô Collège ».

Aidés par leur professeure de français Mme Auroux dans l’élaboration de leurs créations, les apprentis comédiens feront leur représentation en première partie de spectacle. Ils sortent juste d'une semaine de résidence, c’est à dire qu’ils sont revenus spécialement au collège (fermé en cette période d’examens) pour améliorer leur texte et mettre au point leur jeu de scène.

Ces jeunes se sont penchés spécialement sur le thème du « conflit » et se sont appuyés sur des textes de grands auteurs comme Molière, Marivaux ou encore Shakespeare… Ils ont réfléchi sur l’agression, le harcèlement, la moquerie et leurs conséquences, ou encore sur la mésentente entre eux, avec leurs parents et d’autres adultes. La problématique de leur travail était en relation avec le thème général de la pièce de théâtre annoncée.

Le journal d'Adam et Eve

Pour eux la soirée était d’importance car ils jouaient devant un public ayant payé sa place pour les applaudir ! Ils ont présentés toute une série de scénettes au jeu bien maîtrisé dont le passage de l’une à l’autre était très fluide, sans temps mort. A l’entracte, avant la pièce principale, certains acteurs de cette petite troupe d’une vingtaine d’élèves, ravis de l’expérience, déclareront vouloir refaire du théâtre, et heureux d’avoir été au-delà de ce qu’ils pensaient pouvoir faire. Des vocations se seront peut-être déclenchées en cette occasion !

Avant la seconde partie du spectacle, on a demandé au public de sortir se désaltérer selon son envie, afin de pouvoir mettre en place le décor pour  « Le journal d’Adam et Eve », d’après Mark Twain, auteur majeur de la littérature américaine.

En regagnant la salle, le public découvre alors une scène transformée, couverte de verdure, une forêt de bambou, symbolisant le Jardin d’Eden, quelques jours après la création du monde.

Le journal d'Adam et Eve

…..Adam vient de s’apercevoir qu’il n’est plus seul, une autre créature est là.

Au début, il se cache, ne comprenant pas ce qu’elle lui veut. Elle le poursuit partout.

Dans ce huis clos exotique et drôle, la genèse est racontée alternativement par Adam ou Eve. La cohabitation démarre mal ! Ils sont si différents ! Lui se plaint de cette nouvelle « chose » bavarde, encombrante, qui cherche le contact et l’échange, alors qu’il désire être seul, dans le silence pour explorer son univers tranquillement.

 Elle, par contre se montre très curieuse, affable, cherchant le pourquoi et le comment de chaque élément, férue d’expérimentation (invente le feu), très douée à l’observation  des animaux (à cette époque tout le monde est végétarien) et semble prise d’une frénésie de dénomination ; elle cherche à tout expliquer comme la course de la lune ou des étoiles, elle compare et analyse. Elle voudrait bien qu’Adam l’écoute, la comprenne. Or, la première femme reste consternée devant tant d’indifférence.

Bien qu’elle le trouve imparfait, bourru, parfois étonnant, elle s’en contente…. Elle ressent un mélange d’amour et d’attirance qu’elle ne sait pas trop comment gérer.

 

Le décalage entre leurs deux visions du monde prête à rire, mais l’œuvre comporte un fond philosophique compréhensible par tous, petits ou grands, car le langage employé et les notions sont simples.

Le décor est minimaliste, les acteurs sont vêtus  de blanc, sans artifice, ce qui traduit bien la simplicité des choses du monde en ce début de l’humanité.

La mise en scène est subtile, la pièce d’un seul tenant, les complaintes jouées par les deux acteurs s’enchaînent avec légèreté alors que le propos général donne quand même à réfléchir sur les relations homme-femme.

Ces deux là finiront par se découvrir, se rapprocher, dialoguer et apprendre à se connaître, à s’apprécier. Vivre ensemble, avec une vision et une approche du monde différentes, dans le respect l’un de l’autre.

Le temps s’égraine lentement, selon les jours de la semaine, doucement, en ce temps-là pas besoin de travailler pour subsister, le dimanche il faut encore se reposer, mais de quoi s’interroge le premier homme ? L’éternité s’allonge  inexorablement  dans ce paradis.

Bientôt Adam remarque qu’Eve est fortement attirée par l’arbre interdit si beau, si attirant,  celui qui porte de si jolies pommes. Il lui dit de s’en méfier ainsi que du serpent malicieux….. Hélas, le fruit de la tentation fut dévoré avec gourmandise ! Punis d’avoir bravé les interdictions divines, ces deux là feront entrer le chaos et la Mort dans le Jardin d’Eden par leur désobéissance.

Le journal d'Adam et Eve

Or, tout le monde connaît la suite : alors la vie devint pénible, le travail difficile, les animaux féroces, le monde dangereux et hostile ! Finie l’existence éternelle et agréable.

Qu’importe ! Cela n’empêchera pas Adam et Eve de finalement s’apprécier, s’aimer, de fonder une famille et de s’interroger avec humour sur ces drôles de petits humains qu’ils engendreront. Ces jeunes parents ne savent pas encore si ce sont des animaux nouvellement apparus ; ils sont imparfaits, ne parlant pas, édentés, marchant à quatre pattes…Mais Caïn et Abel deviendront grands à leur tour ! L’humanité avait pris son départ.

Ces deux parcours parallèles ont su se rencontrer, Eve a fini par apprivoiser son homme, tandis qu’Adam se déclare satisfait finalement et ne pas regretter sa solitude du début. Ensemble, malgré les difficultés, ils ont pu créer un binôme fonctionnant plutôt bien.

Cette représentation  théâtrale est en fait une satire douce et drôle  des relations entre deux individus que tout oppose, mais que finalement la vie finit par rapprocher, grâce à un effort d’acception de l’autre et de ses différences.

La soirée aura montré sous différents aspects, que le « conflit », de façon générale, peut toujours être résolu, aplani, sans que les antagonistes y perdent leur individualité.

                                                                           Florence

 

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B
Beau commentaire, bravo...
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