Cheminement littéraire à Epineuil
Epineuil le Fleuriel évoque immanquablement Alain-Fournier. Ce village où il a passé une partie de son enfance l’a largement inspiré pour son roman « Le Grand Meaulnes». Mais Epineuil le Fleuriel est également un agréable village qui a son histoire propre que Maryline Touzet va nous faire découvrir en cheminant au son de la cornemuse de Mic Baudimant.
Le point de ralliement à Epineuil se situe évidemment à la Maison Ecole du Grand Meaulnes où est présentée en ce moment une exposition sur la guerre de 14. En cette belle journée du 30 septembre, le rendez-vous avait attiré une cinquantaine de personnes.
A partir de la Maison Ecole du Grand Meaulnes, direction « Les quatre routes », à quelques pas de là, c’est actuellement le point névralgique du bourg. Autrefois ce croisement n’existait pas car ici était le champ de foire avant la construction de la nouvelle route de Vallon. L’aspect devait être bien différent avec le prieuré qui occupait la majeure partie de la face est de la place avec, en bout, l’imposante maison du notaire (une amie de Mme Fournier).
Longeant la Grande Rue, une maison attire l’attention avec, incrustée, la statue de la Vierge. C’était l’école des Sœurs, car Epineuil, au temps d’Alain-Fournier possédait trois écoles : l’école des garçons, où son père était instituteur, l’école des filles, à l’autre bout du village, qui est l’école actuelle, et cette école des sœurs. De l’autre côté de la rue, un café, Alain-Fournier l’a connu, même si la devanture a probablement été modifiée depuis. Le fils du cabaretier, ce n’était pas son copain, il n’aura pas le beau rôle dans le roman.
Nous arrivons à l’église, la base est du 12ème, elle a été beaucoup modifiée au cours du temps, mais son clocher du 17ème, légèrement torse, est de bel effet. A côté, une piste pour le jeu de quilles. C’était un jeu très répandu autrefois, il a partout disparu … sauf à Epineuil ! Il est temps de mettre en écrit les règles, voilà un patrimoine immatériel qui risque de disparaitre. Sur le côté de la place, l’ancien local des pompiers, avec sa tour pour faire sécher les tuyaux, une curiosité !
Devant l’église était le cimetière, il a été déplacé deux fois, mais le monument aux morts a réintégré la place. C’est ici qu’était installé le cirque dans le film de Jean-Gabriel Albicocco en 1967. Contrôlé par Isabelle Rivière, la sœur d’Alain-Fournier, le film suit scrupuleusement le roman. Certains des figurants sont avec nous, ils se souviennent ! En hommage, nous écoutons un air nostalgique à la cornemuse.
Un peu plus loin, le quartier des Petits Coins, c’était un quartier populaire avec de nombreuses petites maisons. Mme Fournier n’aimait pas que son fils s’aventure par là. Un puits se trouve là, on dit qu’il renferme un trésor ! En passant, nous faisons une découverte : un mortier qui servait à piler le grain pour confectionner le fromentiau, repas traditionnel de la paysannerie d’autrefois constitué d’une bouillie de céréales cuite dans du lait. Et Mic d’entonner « Mes souliers sont rouges », chanson que les enfants chantent dans le roman. Tous le reprennent en chœur !
Devisant, nous passons devant la rue Jean Baptiste Petitjean, curé « rouge » d’Epineuil en 1792, prônant « la propriété commune de la terre ». Il fut à l’origine d’une insurrection paysanne à Epineuil. Arrêté et condamné, il fut libéré par le conventionnel Laplanche comme « victime de l’aristocratie ».
Nous arrivons à la motte féodale d’Epineuil, encore bien conservée. La motte est entourée de deux fossés de défense. Outre son côté historique (un donjon, probablement en bois, était édifié sur cette motte dès le 10ème siècle), elle sera aussi le terrain de jeu des enfants d’Epineuil.
Ainsi nous atteignons l’école du Grand Meaulnes pour une visite théâtralisée basée sur les textes d’Alain-Fournier et de sa sœur Isabelle Rivière, car la cour, le bâtiment, chacune des pièces de l’appartement et chaque salle de classe sont décrites avec précision dans leurs écrits.
Passant de pièces en pièces, des salles de classes au logement des Fournier, c’est toute une atmosphère qui nous est restituée dans une maison qui a été restaurée telle que l’a connu Alain-Fournier, allant même jusqu’à faire refaire les papiers peints identiques à ceux de l’époque. Une atmosphère que nous font revivre nos acteurs d’un jour.
La visite se termine par le jardin avec un poème d’Alain-Fournier tandis que Mic Baudimant arrive cheminant avec sa cornemuse et que se prépare le pot de l’amitié avec pompe aux grattons accompagnée de cidre ou de jus de fruit.
Ce cheminement littéraire en Bourbonnais (car nous sommes historiquement en Bourbonnais même si Epineuil fait partie du département du Cher) a été un vrai succès. Félicitation à l’Association qui a organisé cette belle manifestation.