Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Il eut été impensable que Châteaumeillant ne participe pas aux Journées Européennes de l’Archéologie compte-tenu des trésors qui y ont été découverts  lors des fouilles menées par Sophie Krausz, maître de conférences à l’Université de Bordeaux-Montaigne, responsable des fouilles archéologiques de l’oppidum de Châteaumeillant depuis 2001.

 Alors du 14 au 16 juin, le musée Emile Chénon organisait des visites sur le site archéologique ainsi qu’un repas gaulois, laissant l’entrée libre au musée.

Au départ du musée, pour rejoindre le site archéologique, il y a bien 500m, tout le temps de parler des gaulois à Châteaumeillant.

Ce promontoire, entre Sinaise et Goutte Noire, occupé depuis 2200 ans recèle bien des mystères. Une cité probablement très prospère depuis le 2ème siècle avant JC grâce au commerce du vin dont on a retrouvé tant d’amphores, et quand on sait le prix d’une amphore de vin qui venait de la région de Naples (d’ailleurs, on voudrait bien le savoir combien cela valait une amphore de vin) ! Et puis toutes ces amphores que l’on retrouve vides mais précautionneusement rangées dans des caves comme celles découvertes dans ce jardin appartenant à Mr Gallerand devant lequel nous méditons. L’hypothèse actuelle est que ces amphores étaient recyclées ici, mais comment, pour quoi faire ? Bien des mystères auxquels réfléchir en déambulant !

Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Nous arrivons ainsi au site archéologique, au sommet du promontoire, là où se sont installés les premiers gaulois formant ici, vers 200 avant JC, d’abord dans un village ouvert, sans fortifications, un quartier artisanal. Puis, vers 100 av JC, un mur gaulois entoure cet oppidum, mur constitué de poutres entrecroisées callées par de la terre avec un parement externe en pierre, édifice pouvant donner un sentiment de sécurité cossue, même si les larges portes altéraient grandement ses capacités défensives. Ici était un centre de pouvoir.

Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Mais quand César arrive en Gaule,  il devient évident que la défense de la cité est insuffisante. Il faut renforcer le mur gaulois construit au sommet du promontoire face à la route Clermont – Poitiers. On creuse un large fossé plat à la base de ce promontoire entre Sinaise et Goutte Noire (45m de large et 500m de long, quand même). On utilise la terre dégagée  pour constituer le noyau du rempart massif qui va recouvrir le mur gaulois. Un blindage constitué de pierres désagrégées et de terre (pas n’importe quelle pierre, une pierre bien dure, du type de celle de la carrière de Secondet) pour former un béton protecteur très dur. Un travail phénoménal. Sophie Krausz a calculé qu’il a fallu environ 2900 hommes-mois pour déplacer toute cette terre, travail réalisé dans l’urgence devant l’avancée de César ; alors l’inévitable question : « Quelle était la population de Châteaumeillant (Mediolanum) à l’époque ? » On ne sait pas…

Journées de l’archéologie à ChâteaumeillantJournées de l’archéologie à Châteaumeillant

Mais voilà un ouvrage défensif de 90m de profondeur et de 17m de hauteur réalisé, de quoi attendre César ! Mais César n’est pas venu ! Vercingétorix a demandé aux Bituriges de brûler leurs villes. Mediolanum a probablement brûlé, on retrouve des traces d’incendie datant du milieu du 1er siècle av JC.

Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Du haut du rempart, nous apercevons les zones de fouilles des années antérieures, là où ont été fouillés les puits qui nous ont apportés leurs magnifiques dépôts rituels : le puits gallo-romain avec son lion, Hercule … mais aussi le puits gaulois avec sa statue au torque, son chenet à tête de cheval et son crâne humain ; à revoir au musée.

Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Maintenant est l’heure du déjeuner, déjeuner gaulois préparé par Festi'Val (Valérie Zennacker) dans la belle cour ombragée du musée.

Pour nous, en entrée, ce sera une fricassée d’escargots, pour d’autres ce sera des œufs durs aux pignons et garum ou encore des huitres sauce cumin. Une pintade braisée aux figues accompagnée de fèves à la Vitellius sera notre plat principal et un patina aux poires (vin doux, miel, l’inévitable garum et parfumé au cumin) en dessert.

Journées de l’archéologie à ChâteaumeillantJournées de l’archéologie à Châteaumeillant

Voilà une cuisine très parfumée utilisant un grand nombre d’aromates qui sont savamment équilibrés. Les saveurs aigres-douces se mêlent à l’inévitable garum (la version latine du nuoc-mâm asiatique). C’est réellement une cuisine très …savoureuse  que nous a préparée Valérie. Si le cœur vous en dit, des livres de recettes gauloises et romaines sont en vente au musée.

Pour accompagner ces mets, pas de vin de Campanie, issu par exemple des amphores, mais du Châteaumeillant de la production de Didier Lasauzais, il est beaucoup mieux adapté à notre goût actuel !

Le repas est agrémenté de lectures adaptées au contexte.  Ghislaine Gautron nous donne la composition des mets qui nous sont servis mais elle nous dit aussi des textes d’Apicius, célèbre gourmet qui vivait sous Tibère,  sans oublier les orgies romaines (elles ont bien existé aussi) décrites par Sénèque : « Ils vomissent pour manger, mangent pour vomir … ».  Pour notre part, notre conduite est beaucoup plus digne devant ce repas raffiné.

Journées de l’archéologie à Châteaumeillant

Tout l’après-midi le musée reste ouvert, c’est l’occasion de revoir les trésors qu’il contient, notamment les découvertes de 2012. Mais c’est aussi l’occasion de découvrir la production artistique de l’école maternelle inspirée par le tissu et le tissage gaulois.  Cette exposition est accessible gratuitement dans les greniers du musée.

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J
Excellent cet éloge des journées, et du Châteameillant antique. Compliments Bernard.
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