La Grange aux Pianos
Elle est située dans la campagne de Chassignolles – dans un petit chemin à gauche en arrivant du Magny, sur la route de Chassignolles.
C’est une grange à porteau ou auvent – (portiau en berrichon), un bâtiment typique du Berry mais pas seulement.
« Le porteau est un lieu éminemment fonctionnel ; c’est aussi un signe et un symbole dans l’exploitation agricole. Fonctionnel, il l’est pour la construction, mais aussi pour le bon déroulement des activités agricoles. Il est le prolongement à l’abri de la cour. L’auvent sert à tous les types d’activité, on y tue souvent le cochon, on y pratique le battage au fléau, on y suspend les harnachements, on y dépose les outils, de son chaffaud pendent les bottes de haricots, d’ail ou d’oignons …
Le porteau est le signe de la sécurité de la propriété, voire de la prospérité. C’est le lieu privilégié des rites de passage – la récolte une fois franchie le porche est à l’abri, la survie est assurée. Mais ce peut-être aussi un symbole dans la mesure où le jour des noces, dont le repas se prenait souvent à son abri, s’y déroulait le rite du pot, offrande agraire et rite évident de fécondité …. » (Extrait du livre de Jean-Yves HUGONIOT- MAISON PAYSANNES EN BERRY).
Il y a, peut-être 3 ou 4 ans, la Maison des Traditions avait organisé une randonnée agréable et intéressante, autour de Chassignolles, avec pour thème « les granges à porteau». Nous étions passés à cette grange qui n’était la Grange aux Pianos qu’en devenir. Nous y avions rencontré l’architecte qui nous avait donné un aperçu de son projet.
Ce mois de mai 2013, à la Grange, la nature a revêtu son costume de printemps. Contrairement à nous, pauvres humains, qui sommes toujours en hiver.
La grange a donc été restaurée et aménagée, avec simplicité, pour son objet principal : la musique.
C’est la maison d’artiste de Cyril HUVE, pianiste international, qui a déposé, depuis de nombreuses années déjà, ses valises dans le Boischaut, le Berry de Georges SAND.
Il y a installé, bien sûr, ses pianos qu’il vénère. Dans le fond de la salle, est entreposée une partie de son univers : ses livres (de musique mais pas seulement) ses disques, ses partitions, ses photos et souvenirs ….Rien ne vous interdit de vous asseoir dans le sofa, de feuilleter un livre ou d’écouter la musique.
Un chaton vient y faire sa toilette en toute simplicité.
Sinon, la grange est évidemment et principalement une salle de concert, intime et conviviale.
Parmi ses nombreuses activités diverses et variées, d’hier et d’aujourd’hui, Cyril HUVE est notamment le créateur des Mi-temps classic à Châteauroux (festival d’hiver) et bien sûr du Festival Pentecôte en Berry.
Ce festival se déroule, non seulement à la Grange aux Pianos, mais aussi associe deux sites remarquables du Boischaut sud, l’Abbaye de Varenne et le Château de la Lande.
La semaine de l’Ascension, La Grange aux Pianos organisait une master-classe publique. Cette année, ils étaient 7 stagiaires sous la férule bienveillante d’un maitre émérite, Billy EIDI, (pianiste également de stature internationale) : 7 galopins mais déjà de sacrés musiciens qui nous ont donné un vrai moment de bonheur, lors de leur concert de clôture de stage. Ils étaient 6 japonais(es) et un petit français qui a abandonné son violoncelle pour se consacrer au piano.
Billy EIDI avait donné son récital de piano, le jeudi de l’Ascension.
Le 27 avril, Suzanne KACIREK, pianiste amateur, disciple de Cyril HUVE, avait organisé une « HAUSMUSIK », soit soirée musicale à la maison, avec des amis et des artistes amateurs et professionnels. (Voir l’Echo du Berry du 10 mai).
Venons-en, enfin, à ce lundi de Pentecôte, dernier jour du festival.
Vous trouverez, ci-dessous, le programme de la journée.
Le festival était dédié à FRANCIS POULENC (1899/1963).
Francis POULENC vient à la musique, grâce à sa mère mélomane qui lui enseigne le piano de Mozart, Schubert et Chopin, mais aussi les romances à la mode « adorable mauvaise musique.»
Il présente une dualité entre sa personnalité d’espiègle parisien divertissant et son caractère austère et religieux ; il disait : ma musique est mon portrait, spirituelle et gourmande, mélancolique et rêveuse ».
Le critique Claude ROSTAND, pour souligner cette coexistence d’une grande gravité due à sa foi catholique avec l’insouciance et la fantaisie, a trouvé la formule célèbre « MOINE ou VOYOU ? »
Pour les simples amateurs de musique, POULENC, et en général les musiciens français du 20e siècle, ne nous sont pas très familiers (souvenez-vous pourtant de ce concert donné à l’église de CHATEAUMEILLANT dont nous étions tous sortis épanouis « LES MARIES DE LA TOUR EIFFEL ».
(A l’origine, un ballet sur un scenario de Jean COCTEAU, POULENC avait écrit la partition pour 2 tableaux : le discours du général et la baigneuse de Trouville).
C’est pourquoi, le concert du matin fut une belle découverte. Les amateurs de clarinette ont été comblés. La sonate pour deux violons de PROKOFIEV (1891/1953), ami de POULENC, est magnifique.
La sonate pour clarinette et piano a été créée, à titre posthume, par Benny GOODMANN, clarinettiste et chef d’orchestre de jazz américain.
Pour l’interprétation, les artistes appartiennent à l’élite internationale des solistes et des jeunes interprètes d’avenir … alors …. C’est la classe !
Le concert de l’après-midi était pour ma part, un peu plus difficile.
Il s’agissait de mélodies accompagnées au piano (Poulenc a écrit plus de 200 mélodies ou chansons) : 3 Cycles de mélodies et une cantate, a capella, à 6 voix mixtes « un soir de neige ».
Le piano accompagnait les poèmes de Paul ELUARD, très connu surtout pour son poème « LIBERTE » que l’on apprend à l’école. Ces mélodies étaient servies par deux belles voix de baryton.
Pour Francis POULENC, ELUARD était «le poète du lyrisme et de l’amour ».
Chaque partie était ponctuée des explications d’Hervé LACOMBE, musicologue et biographe de Francis POULENC.
Ce lundi de Pentecôte, nous avons eu dans la Grange aux Pianos, le soleil que nous ne trouvions pas dehors.
Musique, poésie, douceur de la campagne berrichonne alentour ……. convivialité ……..sérénité………..