Chauves-souris à Noirlac

Publié le par nous-en-boischaut-sud

La chauve souris est un animal bizarre et mal connu, il est donc souvent mal-aimé. La nuit de la chauve-souris est là pour mieux le faire découvrir. Dans notre Boischaut, l’abbaye de Noirlac est un lieu idéal pour en parler : au milieu de ces vieilles pierres, elles sont nombreuses, les chauves souris qui y trouvent leur bonheur !

Le 24 aout une sortie découverte était donc organisée à la tombée de la nuit dans l’abbaye de Noirlac ; une très bonne occasion de visiter l’abbaye dans cette belle lumière du soir.

Chauves-souris à Noirlac

Mais revenons à nos chauves souris ! De tout temps de nombreuses légendes et superstitions ont couru sur leur compte : pour Homère, les chauves souris représentent l’âme des morts ; chez les romains différentes parties de la chauve souris sont utilisés pour leurs vertus thérapeutiques supposées ; au Moyen-âge elles sont considérées comme des créatures diaboliques (comme toutes les espèces nocturnes) et on les cloue sur les portes pour chasser le mauvais œil !

Chauves-souris à Noirlac

La chauve souris a largement été utilisée dans la littérature et au cinéma avec Dracula comme œuvre majeure à la fin du 19ème siècle, le Prince du mal, qui donnera naissance à tout un genre littéraire et inspirera le cinéma (Nosferatu). Dans les années 1930, Batman redore un peu leur blason en se posant en défenseur du bien, mais il y a bien du travail à faire !

Chauves-souris à Noirlac

Alors quittons le monde des mythes, des légendes et des superstitions pour découvrir cet animal insolite et partons à la recherche des traces de chauves souris dans l’abbaye de Noirlac.

Les chauves-souris se repèrent par les petites crottes que l’on retrouve un peu partout. Ressemblant aux crottes de souris, elles sont friables (probablement dû au régime insectivore des chauves-souris qu’on trouve en France). Le guano de chauve-souris est d’ailleurs un excellent engrais ! Parfois on trouve également des ailes ou des élites de coléoptères, résidus du repas des chauves souris.

Chauves-souris à NoirlacChauves-souris à Noirlac

Au repos, les chauves-souris s’accrochent, tête en bas,  dans les anfractuosités des pierres. Elles se fixent par la griffe de l’orteil et cette position grâce à leur tendon et  ne leur demande pas de consommation d’énergie musculaire. Ainsi elles dorment tête en bas, hibernent tête en bas, et les chauves souris meurent tête en bas ! Et sur le sol on retrouve les traces.

A Noirlac, on prend soin des chauves souris : lors de la réfection des toitures, des espaces non grillagés ont été laissés dans les aérations de façon à permettre le passage des chauves-souris.

Chauves-souris à Noirlac

La nuit commence à tomber alors laissons les traces des chauves souris pour aller à  la découverte des chauves souris elles-mêmes : c’est leur heure !

Il existe 1400 espèces de chauves souris dans le monde, 35 espèces en France métropolitaine (mais 103 en Guyane !). Plusieurs types de chauves-souris sont présents à Noirlac : pipistrelles, sérotines, grands murins, oreillards, rhinolophes, barbastelles...

Dans la grande allée de tilleuls, c’est l’heure d’activité des chauves-souris, celles-ci se déplacent pendant toute la nuit mais elles sont particulièrement activent à la tombée de la nuit et un peu avant le lever du jour : là où les insectes sont les plus nombreux.

Les chauves souris émettent leurs cris dans la gamme des ultra-sons : autour de 48kHz pour les pipistrelles, 25 kHz pour le grand murin, 105 kHz pour le rhinolophe, 30 à 40kHz pour la barbastelle... Ils ne sont donc pas audibles à l’oreille humaine, il nous faut un détecteur d’ultra-sons. Assez rapidement on repère le tac-tac-tac de la pipistrelle mais ce soir l’allée des tilleuls n’est pas très fréquentée.

Leurs cris servent à l’écholocalisation et leur permettre de générer une carte très précise de leur environnement et de détecter leurs proies.

Après cette visite sur le terrain, une petite explication en salle avec des diapos préparées en partenariat avec le Muséum d’histoire naturelle de Bourges.

Chauves-souris à Noirlac

Les doigts de la chauve souris sont très allongés et une peau qui relie les doigts (le patagium) forme l’aile. Ce tissu se régénère rapidement s’il est endommagé. Pour leur vol, les ailes font un mouvement en 8.

Laurent Arthur - Muséum de Bourges

Laurent Arthur - Muséum de Bourges

Si la totalité des chauves-souris européennes sont insectivores, d’autres espèces peuvent se nourrir de fruits, de nectar, certaines de poissons et d’autres de sang, celles-ci, les vampires, se situent en Amérique tropicale. Les plus grandes chauves-souris mesurent 40 cm (1.59m d’envergure) et pèsent 1.5kg mais notre pipistrelle est le plus petit mammifère du monde (avec la musaraigne)et ses 3 à 8g. Le record de vitesse en vol est également détenu par une chauve souris (le molosse du Brésil) avec 160 km/h.

Pour suivre la vie d’une chauve souris, passons une année avec elle.

Laurent Arthur -Muséum de Bourges

Laurent Arthur -Muséum de Bourges

A l’automne elle doit préparer l’hibernation : la chauve souris accumule une quantité de graisse brune à la base de la nuque, qui peut représenter un tiers de son poids. C’est la période des accouplements : chaque mâle possède son harem mais ce harem change chaque jour. La femelle conserve le stock de sperme et l’ovulation se produira ultérieurement. A la fin de l’automne la chauve souris choisit son site d’hibernation qui doit rester à une température et une hygrométrie acceptable.

L’hiver est la période d’hibernation, la chauve souris vit sur ses réserves. Sa température corporelle baisse jusqu’à 17°C, son rythme cardiaque baisse jusqu’à un battement par min. Au cours de l’hibernation elle peut se réveiller notamment pour réguler son hygrométrie.

Au printemps la chauve souris doit reconstituer ses réserves. La gestation reprend.

L’été est la période de la mise bas, au moment où les ressources alimentaires sont les plus abondantes. La mise bas se fait tête en bas (et le petit sort les pattes les premières). La mère donne naissance (très généralement) à un seul petit. Elle mange son placenta. La mère parle à ses petits, notamment pour les prévenir d’un danger.  Elle vole avec son petit les 2-3 premiers jours.  Les petits sont autonomes à 6 semaines  - 2 mois. La durée de vie d’une chauve souris est relativement élevée : 7 ans pour une pipistrelle, 40 ans pour certaines espèces.

Les principaux prédateurs des chauves-souris sont  les chats (surtout), les rapaces et serpents. Mais la population des chauves souris a été victime des insecticides qui ont réduit leurs ressources alimentaires. La pollution lumineuse gène évidemment cette espèce nocturne et les éoliennes semblent provoquer des accidents à cause des variations de pression qu’elles génèrent.

Si une chauve souris entre dans une pièce (c’est probablement une jeune, inexpérimentée), elle peut appeler à l’aide d’autres membres de la famille. La solution est d’éteindre la lumière (pour réduire son stress) ouvrir les fenêtres en grand et sortir pour lui laisser le temps de trouver l’issue.

Chauves-souris à Noirlac

Merci à l’animatrice Nature de Noirlac et au Muséum d’histoire naturel de Bourges pour cette découverte.

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