Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Publié le par nous-en-boischaut-sud

C’était un plaisir de retrouver la cour du château du Plaix ce vendredi 10 juillet, à la tombée de la nuit pour une nouvelle série de conférences ethnologiques organisées par les Thiaulins de Lignières, plaisir d’être accueilli chaleureusement, même si cette année nos hôtes étaient masqués !

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Une fois n’est pas coutume, cette première conférence nous entraine hors du Berry pour parler d’ensonnailles, donc de troupeaux qui portent des cloches. Nous n’avons pas vraiment cette tradition dans notre Berry aux champs clos. Lionel Dieu et Françoise Barraud nous entraineront dans les pays du sud de la France : Provence, Cévennes, Alpes, Jura, Pyrénées, Massif Central.

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en BerryEnsonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Le but évident d’équiper le troupeau de sonnailles est de permettre au berger de repérer son troupeau ; mais les sonnailles sont également un objet de fierté pour le berger et, dans certains cas, elles peuvent même devenir quelque peu ostentatoires !

Grâce à l’ensemble des sonnailles, chaque troupeau se comporte comme un orchestre qui produit une certaine musique aléatoire. Pour former cet orchestre, le berger essaie de mélanger harmonieusement des cloches de sonorités différentes. Ainsi chaque troupeau produit une ambiance sonore particulière et reconnaissable tant par les bergers que par les animaux.

Les provençaux utilisent quatre types de sonnailles : le redon (ronde), la pique (presque cylindrique plus étroite à la bouche qu’au cerveau), le clavelas (presque cylindrique, plus large à la bouche qu’au cerveau) et la platelle (rectangulaire).

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Le redon, c’est la grosse caisse ! Elle donne le rythme et c’est elle qui incite à marcher. Pour la transhumance, les bergers ensonnaillent environ une bête sur dix. Traditionnellement les cloches sont fixées sur un collier lyre qui peut être lui-même très décoré.

Les Cévennes présentent un paysage plus fermé, le risque de perdre une bête est grand, chacune d’entre elles porte sa cloche. Pour la transhumance le troupeau s’entend plusieurs km à la ronde. Certaines brebis sont décorées de pompons réalisés sur leur toison.

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

La transhumance des troupeaux cévenols est un évènement suivi par les télévisions du monde entier !

En Provence et en Cévennes, la transhumance concerne essentiellement les ovins (et caprins), les cloches sont en tôle. Dans les Alpes ou dans le Jura, ce sont les vaches qui portent des cloches, ce sont plutôt des clarines en bronze coulé ou des sonnettes forgées. Les Pyrénées et le Massif Central connaissent à la fois les transhumances ovines et bovines.

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en BerryEnsonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Avant 1800, les cloches étaient fabriquées localement par les forgerons ou les maréchaux-ferrant. Puis quelques fabriques de cloches se sont imposées sur le marché : les Garnier aux Nières (34), Rives à Rivels (09), Daban à Nay (64) … Ces ateliers ont continué leur activité jusque dans les années 1980-90. Aujourd’hui les cloches viennent essentiellement d’Espagne ou d’Italie.

Les sonnailles sont très prisées par les bergers et sont un objet de fierté pour eux. Localement il peut même y avoir des dérives ; Lionel Dieu mentionne le Jura Suisse où la taille des cloches devient gigantesque, au détriment du confort de l’animal et sans soucis de la qualité esthétique de la sonnaille ! Elles sont là uniquement pour montrer la prospérité de l’éleveur.

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Après cette conférence, une discussion s’engage notamment avec Maxime Magdelin, notre berger berrichon qui apporte son expérience. Les animaux, ainsi que le berger reconnaissent leur troupeau à son ambiance musicale et tous vivent dans cette « bulle musicale » qu’ils savent reconnaitre entre toutes.

Chaque bête reçoit sa sonnaille en fonction de son caractère : pour un animal « difficile », le berger va choisir une cloche qui se repère de loin. Lorsqu’une bête a sa cloche, toutes les autres vont la reconnaitre au son, si on la lui enlève les autres ne vont plus la reconnaitre et vont la chasser !

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry

Maxime fait également remarquer l’intérêt de la sonnaille pour la protection du troupeau : elle tend à éloigner les prédateurs ; il n’a pas eu à déplorer de pertes dues au renard lors des agnelages.

Après cette belle conférence, il nous reste à remercier les conférenciers et, alors que la nuit est complètement tombée depuis quelque temps, s’engage l’instant convivial de la discussion autour de quelques gâteries typiques concoctées par nos amis thiaulins.

Rendez-vous à la prochaine conférence « Ecoutez voir » le vendredi 24 juillet avec un retour en Berry où Christian Démocrate nous parlera des « Enfants abandonnés en Berry entre 18ème et 19ème siècles ».

Ensonnailles et transhumance au château du Plaix en Berry
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